place de Dieu*

En dépouillant une réalité de l’une de ses dimensions, l’observateur se donne à lui-même une forme ou une autre de supériorité. Il « prend de la hauteur ».


C’est ainsi que si je réduit l’espace géométrique à deux dimensions je deviens « supérieur » par rapport à l’univers parfaitement plat que j’observe. Dans cet univers, les êtres, eux-mêmes parfaitement plats, sont assignés au plan que, pour sa part, l’observateur domine. Si ces êtres plats sont enfermés dans une figure géométrique fermée (un rectangle par exemple, figurant les murs d’une prison), ils ne peuvent pas franchir les bords du rectangle. Tandis que l’observateur, situé par définition dans la troisième dimension, peut, lui, parfaitement voir ou toucher l’intérieur du rectangle, par le haut, sans avoir à franchir ses limites supposées infranchissables.
Cette situation est généralisable à toute espèce de réduction pourtant sur n’importe quelle dimension, non seulement physique (les trois dimensions de l’espace, le temps) mais quelconque (les valeurs, par exemple). Les « lois » découvertes dans cet univers délibérément limité ne s’appliquent pas à l’observateur qui, lui, jouit de dimensions supplémentaires dans l’univers où il se situe.
La mort de Dieu libère la place, et n’importe quoi peut alors s’y installer. On appelle cela l’époque des idéologies ou (Heidegger) l’époque des « représentations du monde ».
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