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A la française ?

Médium 51 « A la française »

Paul Soriano

2 avril 2018, modifié le 29 juin 2024

Plutôt que de se lancer dans une périlleuse et sans doute vaine définition d’une « identité », mieux vaut explorer les représentations du Français.

Loin d’éviter les clichés, stéréotypes et autres lieux communs, moissonnons-les ! Jusqu’à la caricature s’il le faut, sans même éviter l’excès de complaisance ou de dénigrement. Et allez donc : la galanterie et la conversation, l’élégance et le panache, ainsi que les petits et gros travers qui vont avec, vanité, narcissisme, superficialité, arrogance et compagnie ; le Français pur-sang et le Français infâme, le glorieux et l’odieux. Rassurez-vous, « la » Française arrive à la rescousse pour nous refaire le portrait.
À la recherche d’une constance, d’un air de famille, à travers les âges et en tous domaines, de la politique à la vie quotidienne, en passant par les sciences, la vie intellectuelle et le spectacle… Et sans trop de préjugés sociaux : on trouve ailleurs que chez nous des cours et des salons, mais sûrement pas autant de cafés du commerce.
Dans un peuple en représentation, réalité et fiction sont peu discernables. Mieux vaut se demander comment elles s’influencent, comment un « idéal-type » tend à devenir un « idéal du moi » auquel des individus concrets vont finir par se conformer, peut-être inconsciemment. Comment l’image se fait chair, en somme… Et du reste, les plus rétifs aux enfermements identitaires n’hésitent pas à y enfermer les autres, dans la caricature du « franchouillard ».
Si les traits d’un tempérament français se dessinent assez nettement, le paradoxe n’est jamais loin, au point de former peut-être une autre caractéristique : l’exception (française) s’oppose à l’universalisme ; un égotiste qui se révèle en société ; un amoureux de la conversation qui la tue par la polémique ; un type qui ne jure que par les idées claires et trace ses jardins au cordeau, mais se complaît dans l’ambiguïté, surtout quand il fait de la politique… Et d’ailleurs, que désignent les trois termes de notre devise républicaine, sinon un désir contrarié, un manque ?
Il faudrait aussi solliciter des amis étrangers, histoire de découvrir ce qu’il y a de français dans le Frenchie : comment nous voient les autres, et comment ce reflet dans le miroir peut-il à son tour changer le regard de Narcisse. Dans l’autres sens, pourquoi les profondeurs et les grands sentiments qui remuent nos voisins nous paraissent-ils le comble du mauvais goût ?
Du reste, les Français venus d’ailleurs pourraient nous éclairer sur la fabrique du Français. En mettant l’accent sur le rôle formateur de la langue, qui est peut-être en dernière analyse notre vraie patrie : serait français ce qui résiste à la traduction, toujours en français dans le texte ?
Et la Française, alors ? Difficile de satisfaire la parité, mais la qualité supplée peut-être à la quantité : l’image de la Française nous semble, toute galanterie mise à part, plus flatteuse que celle de son compagnon.

Et qui imprime davantage, en définitive, l’intello ou la Parisienne [1] ?

Notes

[1Françoise Gaillard, « La Parisienne », Médium 50.


Références

Ce texte a été co-écrit avec Hélène Maurel-Indart, pour le numéro 51 de la revue Médium, « A la française »


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