Dans un continuum public/privé, la chambre occupe pratiquement tout l’espace, de la transparence à l’obscurité. La chambre des députés réunit le peuple même, représenté : en principe, rien à cacher, tout ce qui est public doit être publié. A l’autre extrême, la chambre « à coucher » abrite le plus intime ; on y dissimulait naguère son journal ; on s’y réfugie désormais pour mettre à jour son profil Facebook. D’autres chambres encore sont des lieux de dévoilement de secrets : chambre de justice (en public, sauf huis-clos), chambre de torture.
Beaucoup plus discret, le « cabinet » désigne aussi indifféremment une petite pièce, un meuble et une institution politique où l’on délibère en secret. Passons discrètement sur l’usage, pudique plutôt que secret, du cabinet dans la sphère intime. Le cabinet des archives est le lieu terminal de nombreux secrets, institutionnels et personnels (grands hommes). Le matériau partage son nom avec l’institution chargée de les administrer, de les conserver et le cas échéant d’en réguler l’accès.