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Référendum d’initiative macronienne

Paul Soriano, 12 juin 2020

Modifié le : 12 juin 2020

On n’a pas la moindre idée de ce que va dire Macron dimanche, mais moi, si j’étais lui…

Moi, si j’étais Macron (ce qu’à Dieu ne plaise) je sortirai du trou d’un grand coup de rein, par un référendum proposant une vaste réforme constitutionnelle instituant le référendum d’initiative populaire… élargi et systématique. Ce faisant :

1) Je jouerais les Gilets jaunes contre les corps intermédiaires en général et les syndicats en particulier.

2) Je bafferais Édouard Philippe, dont il ne faut pas oublier qu’il est à l’origine de la révolte des GJ avec ses 80 km/h mal inspirés…

3) Je court-circuiterais la nouvelle gauche américaine actuellement à la manœuvre, mais ultra-minoritaire dans le pays (sauf peut-être chez les jeunes, et encore…) : vous voulez démanteler la police nationale ? Faites un référendum !

4) J’enverrai ce message aux Français : vous trouvez que je ne suis pas à la hauteur ? Vous n’avez qu’à vous y coller !

Ce n’est peut-être pas une si bonne idée, direz-vous : le précédent de Gaulle incite à la circonspection…

Pour mémoire, en mai 68, de Gaulle déraille, il envisage d’appeler l’armée à la rescousse, d’où son extravagante fuite en hélicoptère pour s’assurer de Massu (« Alors Massu, toujours aussi con ?’ « Toujours gaulliste, mon général « ). Et Pompidou sauve les meubles. En 69, frustré de référendum par le même Pompidou (qu’il a viré), il s’obstine, avec un projet improvisé sur la régionalisation (destiné à baffer le Sénat) ; et il commet l’erreur d’en faire un plébiscite (« si vous votez non, je me retire ») – à moins qu’il ne se soit pas fait d’illusion et ait décidé de dramatiser sa sortie… En tout cas, les Français ne seront pas dupes.

En juin 2020, Macron semble au fond du trou, il se désagrège, et Édouard Philippe essaie de ramasser les morceaux, morceaux de Macron, morceaux de France… Ça ne va pas suffire…

Macron est condamné à faire quelque chose, et quelque chose de spectaculaire ; sinon, pour les affaires courantes, on a Philippe et il s’en tire plutôt mieux…

Mais alors il faut la jouer très fine… D’abord travailler la question (un proposition que vous ne pouvez pas refuser) et surtout, surtout, éviter comme le Covid, tout soupçon de plébiscite : « quoi que vous répondiez, je ne me retirerai pas, j’irai au bout de mon mandat ». Et d’ailleurs si vous voulez que je m’en aille avant terme, il faudra bien que le RIP soit institué, et donc que vous ayez voté OUI. Le temps qu’on mette en œuvre la réforme (à moins de deux ans de la prochaine élection), ça n’aura plus de sens.

Et si la réponse est « oui », comme c’est probable (si la question est bonne), le voilà de surcroît enfin pourvu d’un « grand projet » ! Bingo !

Et pour ce qui est du second mandat, il pourra faire valoir un très gros actif au bilan : l voilà bien, la « Révolution » que je vous annonçais…

Non, la seule vrai objection sérieuse à ce projet, c’est la catastrophe économique post-Covid annoncée, qui devient chaque jour plus probable. Sans parler d’une rechute possible, à l’automne ou même avant (manifs et contre-manifs, vacances, etc.). Auquel cas, il aura, et nous aurons, d’autres soucis.

C’est triste à dire, mais la cata économique, c’est peut-être l’ultime chance de l’Union, sous direction allemande renforcée, avec la Bundesbank (pardon, la « BCE ») aux manettes, de préférence à la débandade. Et dans ce cas, on préfèrera sans doute un lieutenant zélé de Merkel, à Mélenchon, Le Pen ou Gérard Larcher…

Ou bien un Édouard Philippe ? Ah zut, encore raté ! Sacré Pompidou !


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