Raymond Ruyer qualifie de « surface absolue » une étendue perçue (ou plutôt éprouvée, vécue) sans prise de distance. C’est le cas, par exemple, du champ de vision. Le champ de vision n’est pas vu. Il n’est pas une image. Il n’est pas à distance de « moi », il n’est même pas à « zéro distance », il est sans distance. Alors même qu’il est fini (je ne vois pas ce qui est derrière moi), il n’a pas de « bords » comme en a une image.
Il en est exactement de même du champ de conscience, sans distance et sans « bords » : on ne se sent pas naître ou mourir, on n’est même pas conscient de s’endormir ou de s’éveiller.
Une surface absolue est un exemple de domaine absolu.
« La subjectivité, contrairement à l’étymologie, est sans sujet, elle n’est qu’un caractère de toute forme absolue en ce sens qu’elle exprime la non-ponctualité de l’étendue sensible. Il est dans la nature de toute forme de paraître “se survoler” elle-même. Chaque fois qu’un ensemble vrai, une vraie forme, un vrai domaine indivisible de liaisons existe, un point mytique [ici : illusoire] de perspective est virtuellement créé.f » (La Conscience et le corps, 1937, p.64).