Une représentation est le produit d’un acte de réduction consistant à dépouiller une réalité de certaines de ces dimensions pour la rendre saisissable en la tenant à distance, et la transformer en ob-jet. Un peu comme dans le cas de la sphère dépouillée de sa troisième dimension pour être représentée sur une feuille de papier.
Comment la science s’y prend-elle pour isoler ses objets ? Toute science commence par opérer une réduction sur le réel. Elle recourt pour cela (pas toujours de manière explicite et argumentée) à diverses abstractions portant sur les dimensions de la réalité qu’elle entend étudier, trouvant ces dimensions, entre autres, dans la table des « *catégories » (l’arithmétique isole la catégorie « quantité ») ou encore dans celle des valeurs, comme le fait la praxéologie, prétendue science de l’action considérée indépendamment des valeurs qui la motivent.
A notre époque, les sciences étant devenues des « techno-sciences », on considère que la validité de ces découpages est suffisamment établie par le succès des applications techniques tirées de leurs découvertes (argument pragmatique).
Outre cette question de légitimité, le découpage scientifique de la réalité conduit facilement la science au scientisme qui est la forme de métaphysique ou versent le plus volontiers les scientifiques.
On peut, avec Heidegger, parler aussi de *différence ontologique pour distinguer les domaines absolus des objets de science (sans nécessairement autant adopter le discours heideggerien sur ce qu’il en est de cette différence).
