Les sites du pouvoir
La langue commune rend compte de l’intrication des techniques et des institutions au sein des médiations sociales. La « presse », c’est d’abord un outil ou une machine, avant de signifier une institution, ses entreprises, ses professions et ses valeurs sacrées. Même chose pour la télévision qui signifie bien autre chose que le téléviseur. En politique, les bâtiments, palais et autres lieux désignent couramment le pouvoir. Le Capitole, proche comme on sait de la roche tarpéienne, Matignon et l’Élysée, la Maison Blanche et le Pentagone ou le Kremlin. Autant d’exemples qui témoignent de caractéristiques du pouvoir : territorialisation, concentration, spécialisation, permanence : on n’entre pas comme dans un moulin dans ces palais qui ne dont pas de verre.
Les temps forts affectent la localisation du pouvoir ; Versailles retourne à Paris, Bonn à Berlin et, de nos jours, l’actualité politique arpente régulièrement la place Tahrir. En Israël, le mouvement populaire (surgeon des soulèvement arabes ?) prend le nom de « révolte des tentes ». A contrario, l’utopie est un non-lieu. Et pourtant, lors des événements du « printemps arabe », des manifestants affichaient le nom d’un site insituable : Facebook.
Ces insurrections d’un autre type, dénommées faute de mieux « insurrections 2.0 », viennent à vrai dire enrichir une liste déjà longue de médiations sociales plus ou moins ébranlées par les nouveaux dispositifs socio-techniques ouverts aux initiatives de citoyens : web, web 2.0 (la blogosphère), réseaux communautaires, réseaux sociaux en ligne…