Jacques Deroo, Salauds de pauvres ! éd. Gutenberg, 2006.
Entre un père alcoolique vivant de petits larcins et une mère immature qui boucle ses fins de mois avec quelques passes, la vie de Jacques Deroo était toute tracée. L’Assistance publique et son cortège de familles d’accueil plus ou moins bien intentionnées, les chapardages et les centres de correction feront le reste. Comment trouver sa place dans un monde qui vous a ainsi marqué au fer ? Les deux CAP qu’obtient le jeune apprenti - serrurerie et soudure - n’y suffiront pas. Alors, c’est la délinquance, la prison, la rue et leur-compagnon : l’alcool. Jacques Deroo est devenu SDF. Grâce à quelques rencontres, grâce à l’Armée du Salut, il reprend pied. Dans les centres d’hébergement, il attrape le « virus du social », se transforme en homme de terrain, fait la connaissance de Patricia. Il commence une nouvelle vie, guère moins effroyable que la précédente, mais, cette fois-ci, il a un but : s’en sortir ; et s’en sortir avec et pour les autres. C’est ce parcours que Jacques Deroo nous raconte. Récit d’une résurrection, Salauds de pauvres ! est, en même temps, un témoignage sur l’exclusion, la violence urbaine, et un réquisitoire qui ne dissimule pas que l’humanitaire est également un business gangrené autant par les querelles de pouvoir que par l’injustice.
Aujourd’hui éducateur et travailleur social, au cœur de l’action sur les problèmes de logement et la lutte contre la misère, Jacques Deroo partage son existence entre ses deux familles, celle du cœur -sa femme et ses trois filles-et ces salauds de pauvres (l’expression appartient à Marcel Aymé dans La Traversée de Paris) pour lesquels il se bat.